Inch'Allah, le retour
Un retour mouvementé pour un capitaine amariné
À notre arrivée dans la marina d’Agadir le mercredi 16 octobre, après qu'ils nous aient aidés à amarrer le bateau, les marins du port nous ont dit que nous devions attendre la présence des autorités avant de pouvoir débarquer. Lorsque nous avons compris que nous allions attendre encore longtemps avant de voir arriver quelqu'un, Nadine a décidé de préparer le déjeuner. En effet, la patience est une vertu qui se travaille sur le continent afrcain ou, du moins, si vous ne l'apprenez pas, vous aurez des difficultés.
Dans l'heure qui suivit, 4 représentants de différentes administrations marocaines arrivèrent à bord : Douanes, Police Royale, Gendarmerie Royale. Ils nous ont demandé nos passeports et chacun les a pris en photo avec son téléphone portable. Nous avons également dû répondre à un questionnaire sur notre situation professionnelle, la raison de notre voyage, notre lieu d'origine et de destination. A la fin de l'inspection du bateau, ils ont pris nos documents, indiquant qu'ils allaient tamponner notre entrée sur le territoire du Royaume du Maroc.
Pendant que nous attendions leur arrivée, Jacques a inspecté le pont. Une jeune femme française accompagnée de son enfant s'est arrêtée pour nous saluer lorsqu'elle a vu que le bateau battait pavillon français. Elle nous a indiqué qu'avec ses deux enfants et son mari, ils partaient un peu plus tard dans la journée pour se rendre aux Canaries. Comme, à l'aller, j'avais déclaré à bord que si je trouvais un bateau pour retourner vers les îles, je monterais à bord, Jacques lui a dit qu'il avait un bon marin s'ils voulaient quelqu'un à bord pour les aider. La femme a répondu qu'elle préférait rester avec sa famille mais qu'un autre bateau partait ce jour-là, le bateau de Youssef.
Alhambra, pour un nouveau départ
Nous nous sommes approchés de l'« Island Packet 370 », à bord duquel se trouvaient deux personnes. La jeune femme nous a dit qu'elle n'était pas la propriétaire du bateau mais qu'elle et son compagnon allaient faire la traversée. Lorsque le capitaine marocain de nationalité des États-Unis est apparu et que nous lui avons demandé s'il était intéressé par la présence d'un marin à bord, il nous a répondu : "Eh bien, nous serons quatre". C'était l'occasion de repartir pour un autre voyage à la voile. Le capitaine a indiqué qu'il partait dans la foulée. J'étais emballé et nous sommes partis à la recherche des autorités qui étaient encore dans la zone avec nos papiers pour leur demander si je pouvais partir avec ce bateau. Ils ont approuvé et nous ont demandé d'attendre leur retour avec les documents. Comme le couple de jeunes français qui étaient déjà à bord attendait aussi leurs passeports, le capitaine Youssef a accepté.
Je suis retourné au 'Dufour 425' pour préparer mon sac à dos. En partant de chez moi à Tenerife, je pensais rester quelques jours au Maroc pour découvrir le pays, ses habitants et sa faune. Pour cela j’avais préparé un sac à dos léger en pensant à prendre mes jumelles pour observer les oiseaux. Elles m’auront servies pour observer la faune lors de la traversée. Maintenant, je devais repousser mon plan de découverte de cette terre inconnue pour une autre période de ma vie. Je reviendrai.
J’ai accepté quelques derniers présents de Nadine (deux sachets de biscuits secs salés, une petite portion d’omelette et des galettes de La Gomera) dont deux pommes que j’ai oubliées dans un coin dans l’euphorie du départ. J’ai aussi laissé ma crème solaire.
En arrivant à l’embarquement à bord du bateau de Youssef, je pose mon sac à dos au sol et le présente au douanier afin qu’il procède au contrôle. Il me demande : “Ce sont des affaires personnelles ?” Quand je lui confirme, il me dit que je peux l’embarquer. Une fois à bord, c’est le capitaine du navire le responsable de ce qui se trouve dans son bateau.
«À ce moment, j'ai confié en l'euphorie du départ et le fait qu'un autre voilier avec des enfants prenait le même cap.»
Ma plus courte escale
Le capitaine Youssef me donne l’autorisation de prendre une douche avant le départ, en attendant que les passeports nous soient remis. La seule chose que j’ai pu voir et sentir d’Agadir est la douche de la marina. Mon précédent capitaine m’a fait remarquer que j’aurais peut-être le record de l’escale la plus courte à Agadir.
Après avoir embrassé mes chers amis Nadine et Jacques, j’ai embarqué. Ensuite, nous avons largué les amarres vers 16h00 et pris le large vers une aventure inattendue.
Une nouvelle organisation
Deux heures après une première partie de la navigation au moteur, je propose à Youssef de prendre la barre et c’est alors que je me rends compte que son pilote automatique ne fonctionne pas. Cet élément est essentiel afin de permettre à la personne aux commandes de pouvoir se dédier à d’autres choses que de maintenir le cap en tenant la barre. Il me dit alors: “Ne t’inquiète pas, je vais arranger ça.” (“Don’t worry, I will fix it” car il parlait anglais).
Afin d’arranger le problème, il commence à toucher tous les boutons à le recherche de la panne… Malgré de longues minutes à essayer le mettre le pilote automatique en marche, il se trouve que :
- Le pilote indique un cap avec une déviation de 30ºC par rapport au compas à bord. Pour le coup, ce n’est qu’un petit désagrément qui permettrait de maintenir un cap, mais… ;
- En laissant fonctionner le pilote à l’essai, je me rends compte que, petit à petit, il se dévie de sa route. Cela nous oblige à corriger +10º ou -10º chaque instant en gardant l'œil sur le compas.
Cela ne faisait que commencer. Pendant tout le reste de la traversée, nous n’avons pas eu de pilote automatique fiable, nous obligeant à tenir la barre pendant des heures et des heures. En effet, afin de ne pas fatiguer le mécanisme, il est préférable de le laisser se reposer. Ce que je faisais régulièrement.
En discutant avec le capitaine, j’apprends qu’il a acheté son bateau aux États-Unis et qu’un ami lui a convoyé le voilier jusqu’à Agadir. Au vu du manque de professionnalisme des marocains, il préférait convoyer son bateau à Arrecife pour le remettre à point. C’était cette traversée que nous effectuions.
Pour nous orienter, Youssef me présente une tablette flambant neuve sur laquelle est téléchargée l’application ‘Navionics’ de Garmin. Celle-ci permet d’avoir une carte marine détaillée et, grâce au GPS de la tablette, nous avons notre position, les données de vitesse et la position d’autres bateaux environnant qui ont leur AIS en marche. Le nôtre fonctionne bien semble-t-il.
Quand j’ai embarqué à Agadir, une des premières questions au capitaine a été de connaître les tours de quart pour cette traversée. Alors que je lui expliquais que nous étions organisé en quarts de 2 heures sur la navigation depuis La Gomera, il me répondit : “Bah, deux heures, trois heures, voire plus si besoin. Celui qui a besoin de se reposer, qu’il se repose.” Par ailleurs, le capitaine me communiqua qu’étant donné l’inexpérience des deux autres membres d’équipage, nous allions partager les quarts entre deux, avec l’un d’entre eux à nos côtés. À ce moment, je me suis dit: “d’accord, une nouvelle façon de s’organiser, je m’adapterai”.
Un début chaotique
À 19h00, Youssef me propose d’aller me reposer avant de prendre mon quart de nuit. Je me suis alors rendu dans la cabine de proue que nous allions partager avec le capitaine. Ce fut 1 heure de sieste éveillée dans des conditions de mer légèrement agitée, en ayant le cerveau bien mouvementé par les premiers doutes de la traversée : un bateau, un capitaine et un équipage que je ne connaissais pas. Rapidement, je suis retourné au cockpit pour me sentir à l’aise. Avant le coucher du soleil, j’ai proposé d’utiliser exclusivement les voiles et nous avons essayé avec le peu de vent qui soufflait mais nous n’allions pas à assez vive allure selon le capitaine. Nous avons continué plusieurs heures au moteur, cap sur Arrecife.
Ce n’est que 3 heures après que je retourne me reposer pour une sieste mouvementée car les conditions de mer ont augmenté, les vagues sont plus fortes et le temps passé dans la cabine avant est un va-et-vient régulier qui me balance dans tous les sens. Je remontais régulièrement sur le pont pour prendre l’air et retournais essayer de me reposer mais ce n’était pas facile car le bateau gîtait d’un bord à l’autre.
Après avoir tenté deux heures de repos, de nouveau sur le pont, à 01h21 nous pouvons enfin arrêter le moteur et naviguer à la voile car le vent a forci et nous avançons entre 6 et 8 nœuds selon la tablette. À cette allure, en continuant le même cap, en regardant la carte le jeudi 17 à 03h00, la conclusion est que nous devrions arriver à Arrecife le vendredi 18 vers 9h00. Cela fait près de 2 heures que je suis au commandes et Youssef n’apparaîtra qu’une heure plus tard.
Jusque là, il m’avait offert quelques galettes d’avoine et de fruits secs. En ouvrant le réfrigérateur du bateau dans mes allers-retours à la cabine de repos, je m’étais rendu compte qu’il était vide et, à ce moment, j’avais une faim qui se faisait sentir depuis quelque temps. En demandant à Youssef de quoi manger, il me prépare un wrap fourré d’une salade de légumes qu’avait préparé la jeune femme Emma. Elle avait le goût exquis de cette nourriture qu’il vous manque quand vous êtes au bord du manque d'énergie. Après avoir repris des forces, je suis retourné me coucher vers 05h20 pour un bon repos jusqu’à 07h00. Il semble que je m’étais habitué au rythme de 2 heures. Youssef, lui, apparaît après 3 à 4 heures de repos.
Ma première matinée à bord de l’Alhambra
Secoués par la mer
À 10h18 je mets alors mon alarme à 13h30 en pensant que je pourrais faire un bon somme. Malheureusement, la mer est encore plus forte et Youssef a pris un cap qui nous fait balloter dans tous les sens. À 11h22 je remonte sur le pont pour voir comment il va et je découvre qu’il prend plaisir aux mouvements chaotiques du bateau. Je reprend un peu le sommeil mais à 12h36 je ne peux plus dormir à cause du chahut du bateau dans les vagues et les forts mouvements incessants qui sont, selon un message que j’écris: “mieux que les montagnes russes”.
Par ailleurs, j’entendais Emma qui expulsait tout ce qu’elle avait bu et mangé. Avec Quentin, venant tous les deux du Cantal, ils n’avaient jamais connu ce type de conditions de mer. Lui semblait aller de mieux en mieux, même si pendant les 24 premières heures de navigation, aucun des deux n’était apparu longtemps sur le pont. Par contre, la pauvre femme n’avait vraiment pas bonne mine quand je lui demandais si ça allait et qu’elle me répondit avec ce petit sourir que nous donnons pour être aimable : “Ça va, j’ai juste vomi un peu”.
En regardant Youssef, je me rends compte qu’il est obnubilé par le fait d’arriver rapidement à destination et il me le confirme de vive voix en me disant: “Je veux arriver à Arrecife avant midi demain.” C’est alors que je lui propose de prendre la barre pour qu’il se repose. Il accède.
Une fois aux commandes, je sens que le bateau a des mouvements brusques à cause des énormes vagues qui arrivent de côté par tribord. Je décide alors de changer et de descendre plus au sud pour recevoir les vagues par la poupe et nous mettre vent arrière. Grâce à ce changement, le bateau se relaxe et nous ne ressentons plus autant ces mouvements impressionnants. Quentin et Emma restent avec moi sur le pont. Je sens qu’ils apprécient ce changement. Après avoir repris confiance et Emma des couleurs, le couple est de retour en cabine pour se reposer. C’est alors que je pense qu’un autre changement est nécessaire. En effet, j’avais réussi à calmer le mal de mer de mes jeunes équipiers mais il restait à corriger le cap afin de retrouver notre destination. En continuant vers le sud comme cela nous allions terminer au Cap Vert.
Prise de décision
Je ne connaissais pas le comportement du bateau face aux vagues et en remontant le vent, mais il valait mieux en avoir le cœur net de jour car de nuit cela allait s’avérer dangereux. C’était le moment. À 16h16, j’ai alors mis le cap au 300º en voyant arriver de loin des vagues de 3 à 4 mètres que je devais prendre de façon à éviter le pire. Pendant 3 heures durant, le bateau gitant au maximum, les vagues cassant au-dessus du pont, j’ai maintenu le cap en me mouillant pour mon équipage, changeant de position pour rester agile de mes muscles et buvant un maximum d’eau.
Navigation agitée
C’est un peu avant le coucher du soleil que nous avons pris le cap 240º pour nous diriger vers Arrecife de nouveau. Quentin était de retour sur le pont depuis quelques minutes pour profiter de la navigation corsée et me disait que les vagues étaient impressionnantes. Je lui indiquait alors que cela n’était rien face aux conditions que nous avions eu auparavant pendant qu’il était en cabine. Il me confirma qu’ils avaient senti le bateau bouger comme jamais. Je lui explique alors que, cette nuit, il sera important que Emma et lui soient en appui pour nous aider dans la veille active afin de repérer les autres navires dans cette mer agitée.
Une longue nuit nous attend
Une heure après le magnifique coucher de soleil, Youssef réapparaît sur le pont. Je le laisse s’installer à la barre après lui avoir expliqué les conditions et le cap à maintenir. Il est 20h22. Je vais enfin m’allonger après un effort physique et mental considérable. Je pense alors que je mérite bien 4 heures de repos.
C’est à 23h21 qu’Emma vient m’appeler en cabine pour que je retourne sur le pont car Youssef demande un changement. En arrivant au poste de commande, j’observe le capitaine Youssef dans la même position que je l’avais laissé 3 heures avant et quand je lui demande comment il se sent, il me répond : “Je ne sens plus mes bras.” Il était resté tendu sur la barre à maintenir le cap. Je me dois de répondre à nouveau à la responsabilité de prendre les commandes. J’y resterai, aidé de mes marins Emma et Quentin qui, heureusement, s'étaient fait aux conditions et étaient en confiance en ma compagnie. J’avais formé une équipe pour y arriver.
Près de quatre heures ont passé et une fois de plus, comme je le faisais régulièrement, je souhaite consulter la tablette afin de faire le point. Ce n’est vraiment pas évident de maintenir le cap avec une barre qui, depuis plusieurs milles marins, a du jeu dans le mouvement, sans pilote automatique, conditions auxquelles il faut ajouter la gestion des vagues et du vent. Dans cette ardue tâche, je sens une main bénévole prendre légèrement la barre et une voix qui me demande : “Tu veux que je t’aide ?”. À ce moment, j’ai compris que j’avais enfin un pilote automatique fiable. Je demande alors à Quentin de prendre ma place et de maintenir le cap en lui expliquant la souplesse qu’il doit avoir au moment de tourner cette roue. Je lui explique également que s' il part trop vers le cap 300º, en atteignant les 270º, le bateau a tendance à partir au lof et que ce sera, de ce fait, compliqué de le contrôler. Par ailleurs, il apprend qu’en descendant trop vers les 200º, en s’approchant du cap 220º, le risque est que la bôme passe violemment d’un côté à l’autre du bateau en risquant de casser du matériel. Il nous faut rester proche du 240º. Il y arrive parfaitement, les yeux rivés sur le compas depuis 04h19 pendant que je garde la veille active.
Après une heure à la barre, je demande à Quentin comment il se sent et je vois bien qu’il aime cette expérience et souhaite continuer. Ceci dit, cela fait maintenant environ 5 heures que le capitaine Youssef est parti se reposer. Je me dis que c’est le moment de le réveiller pour prendre son tour de garde. Je m’approche de la cabine, la lumière rouge de la frontale allumée et je l’appelle: “Youssef !”. Il ne répond pas. Je réitère: “Youssef !”. Aucune réaction. Je continue ainsi au moins dix fois, en augmentant le ton de voix, avant de me décider à l’éclairer avec la lanterne blanche de mon téléphone en l’appelant trois fois de plus. Rien n’y fait, il semble dans un état morbide.
Je décide de l’oublier et de me concentrer sur ma tâche : rentrer à bon port.
"Do it Yourself"
En arrivant sur le pont, Quentin me demande ce qu’a dit Youssef…
J’éclate alors de rire et lui dit : “Oublie Youssef ! Il m’a dit ‘Do it Youssef’ !” (‘Do it yourself’ en anglais signifie ‘Fais le toi-même’). Quentin comprend la blague sur le champ et nous partons ensemble sur un fou rire de plusieurs minutes qui nous fait énormément de bien pour capter une bonne énergie. Il en faudra pour y arriver.
J’ai alors décidé de hisser le Gwen ha Du à bâbord. Cela pouvait ressembler à une mutinerie mais c’est ce liquide de marin breton qui coule dans mes veines qui m’a donné la force. Alors que j’étais seul à la barre contre vents et vagues, je chantais des chants bretons pour me donner du courage. Ma source de vie est essentielle pour moi et j’ai souvent pensé à mon grand-père Jean en imaginant qu’il m’accompagnait dans cette aventure. Avoir ce drapeau flottant dans cet air marin représentait un symbole important.
À 06h27, nous étions à 25 milles marins de l’île de Lanzarote et je pouvais enfin respirer car j’avais réussi à envoyer un message à ma famille. Enfin le réseau était là en cas de besoin. En effet, je ne l'avais jamais communiqué à mon équipe afin de ne pas les perdre dans une panique mais, depuis déjà 25 milles, de nuit, nous n’avions plus d’électricité à bord. Cela signifiait que personne ne pouvait savoir où nous étions car nous n’avions plu de :
- feux de route,
- AIS,
- VHF.
Dans la nuit nuageuse éclairée parfois par la pleine lune (quelle chance !), nous avons alterné avec Quentin le poste de contrôle à la barre (avec des quarts de 2 heures environ - 04h19-06h42-08h23) pendant que l’autre restait en veille active afin d’éviter tout risque de collision. Une fois que le jour s'est levé et que nous avons pu voir l’île au loin, ça faisait quand même du bien. Quand Emma est réapparue sur le pont et a pu me remplacer à la vigilance, j’ai pu, tout en restant dans le fond du cockpit, à moitié assis, prendre le temps de deux siestes de 15 minutes avant l’arrivée à l’entrée du port d’Arrecife vers 10h00 du matin le vendredi 18 octobre 2024.
Il restait encore la manœuvre de port que j’ai assurée avec l’aide de l’équipage et deux marins de la marina qui sont venus en appui.
Un capitaine est né
Personnellement, cette expérience m'a donné confiance en moi pour manœuvrer un bateau comme un vrai capitaine et mes capacités de gestion en situation de crise. Une autre chose dont je me suis rendu compte est que nous nous imaginons des limites que nous sommes capables de surmonter. En 42 heures de navigation, j’avais dormi seulement 9 heures et 30 minutes en périodes de siestes marines (pas des plus confortables).
Il est également certain que je ne m’embarquerai plus pour une traversée avant d’avoir réalisé un contrôle exhaustif du bateau, de l’équipage et des conditions météorologiques.
Si vous avez lu jusqu’ici, vous vous demandez certainement ce qui est arrivé à Youssef. Dans les dernières 11 heures de navigation, il était en cabine, semble-t-il avec un mal de crâne horrible qui ne lui permettait pas de se lever. J’ai appris par la suite, avec mes contacts à la marina d’Agadir, que Youssef était un piètre marin et que, dans les deux dernières années, il avait pris son bateau une seule fois pour faire des ronds dans l’eau à la sortie du port. Mais bon, comme ils disent: “Inch Allah !” et Dieu l’a voulu, nous sommes arrivés à bon port.
C’est curieux comme, après cette longue traversée, lorsque je fermais les yeux dans mon lit chez moi à terre, je voyais encore le grand bleu. Par ailleurs, cette impression de mouvement permanent même une fois à terre -que certaines personnes appellent le “mal de terre”- est pour moi une sensation agréable. J’aime la mer et j’y retourne dès que je peux. Si cette expérience était à refaire, je recommencerai sans hésitation car j’ai beaucoup appris.
Ce fut ma première grande traversée de plus de 650 milles marins en 6 jours. Maintenant je compte bien en préparer de nouvelles.
Le capitaine et l'equipage grâce auquel nous y sommes arrivés
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